Interview de Thomas Champion, un jeune cycliste ambitieux

Interview de Thomas Champion, un jeune cycliste ambitieux

Thomas Champion de l'équipe Cofidis

Tuvalum a interviewé Thomas Champion le 15 juillet dernier. Un jeune cycliste de 22 ans faisant partie de l’équipe masculine de Cofidis. Il a intégré le monde professionnel, il y a tout juste 2 ans et rêve d’une grande carrière professionnelle. Et il a toutes les cartes en main pour réussir !

Voici un extrait de son palmarès (Equipe Cofidis, Thomas Champion) :

  • 2ème d’une étape du ronde de l’isard en 2020
  • 2ème d’une étape du tour de savoie mont blanc en 2020
  • 4ème du tour de savoie mont blanc en 2020
  • 4ème d’une étape du tour de savoie mont blanc en 2020
  • 5ème d’une étape du ronde de l’isard en 2020

Parfois appelé Champion par ses collègues et amis, Thomas est né à Saint-Sébastien-sur-Loire et se consacre aujourd’hui à 100% au cyclisme.

Nous lui avons posé des questions sur son parcours, ses ambitions, ses vélos, sur le Tour de France et bien plus encore ! Pour visionner l’interview en intégralité, voici la vidéo :

Consacrez-vous 100% de votre temps au cyclisme ? Avez-vous fait des études ?

Je ne suis pas en étude, car c’est difficilement conciliable. On est très souvent parti. Les personnes qui arrivent à allier les études et le vélo font des études à distance. Pour ma part, j’ai passé un bac ES et j’ai enchaîné sur un BTS MUC (Management des Unités Commerciales). C’était quelque chose d’assez simple pour moi, car j’étais dans un pôle espoir qui avait des horaires aménagés pour m’entraîner à côté. Je me suis arrêté là et je suis passé pro, plutôt jeune, j’ai que 22 ans et ça fait 2 ans. C’était pour moi une suite logique.

Comment en êtes-vous arrivé à ce niveau professionnel ?

Je n’ai aucun lien particulier avec le vélo, je ne connaissais pas ce milieu.

J’ai commencé très jeune, à l’âge de 6 ans, j’étais sur mon premier vélo. J’ai commencé par le VTT, j’ai fait 12 ou 13 ans de VTT, de mes 6 ans à mes 18-19 ans. Je ne connaissais pas le métier de cycliste professionnel. Ce n’était pas quelque chose, comme beaucoup, qui pouvait me fasciner ou être un rêve. Moi, c’est venu assez tardivement. Je suis entré dans un pôle espoir avec lequel j’ai fait des études. J’y suis entré à l’âge de 17 ans, pour mon bac. Et c’est en rentrant dans ce milieu-là, en tant que vététiste, que j’ai découvert la route. Ils m’ont permis de participer à de superbes belles épreuves d’entrée de jeu. Je ne suis pas passé par les jeunes catégories de routes. Je ne suis pas passé par les petites courses, j’en ai quasiment jamais fait. Il n’y a pas de petites courses, mais j’entends par là des catégories plus jeunes ou avec moins de niveaux. Ça a tout de suite pris et en fait c’est dans les âges de 17-18 ans qu’on découvre qu’il y a peut-être un monde au-dessus de tout ça. On était également filiale de l’équipe Total Direct Énergie, on était la “petite filiale junior”. Donc on s’entraîne tous les mercredis avec des pros et c’est là que j’ai découvert ça et que je me suis dit pourquoi pas.

Quand je ne connaissais pas ce monde, c’était compliqué de passer à la route tout simplement. Ensuite, je suis passé rapidement dans l’équipe Vendée U, qui est une réserve de Total Énergie, la vraie. Et là, j’ai découvert le haut niveau et ils m’ont permis de gravir les échelons assez rapidement, en passant du VTT à la route.

Je suis partie de Vendée U pour rejoindre une équipe de l’autre côté de la France, dans les Alpes, avec des profils qui me convenaient beaucoup mieux et des courses dans les Alpes, donc montagneuses et c’est là que ça a percé. 

Quel a été votre tout premier titre ? 

Mon tout premier titre a été Champion Régional des Pays de la Loire VTT en cadet à l’âge de 15-16 ans.

Quelle victoire vous a t-elle le plus marquée ? 

 

J’ai fait des places d’honneur sur des grosses courses qui m’ont permis d’atteindre ce niveau.

La victoire qui se démarque le plus serait d’avoir porté le maillot jaune sur le Tour Savoie Mont Blanc.

C’était une des épreuves phrases du calendrier français en classe 2, c’est-à-dire le premier niveau professionnel de course. J’ai porté le maillot pendant 2 étapes, avant que Pierre Roland gagne le général et me devance. C’était une belle satisfaction, je me suis fait battre par plus fort. C’est un bon souvenir du côté amateur.

Avez-vous testé d’autres disciplines que le VTT et la route ? 

J’ai fait pas mal de cyclo-cross dans mes années juniors, espoir 1, espoir 2, mais j’ai jamais préparé une saison. C’était pour l’hiver, pour me faire plaisir, et retrouver la sensation en faisant du VTT. On a un peu des bases qui se rapprochent du cyclo-cross. Et puis l’hiver, c’est plutôt ludique plutôt que de faire 5 heures sous la pluie, autant aller faire un cyclo-cross dans la boue, c’est plus marrant.

Comment avez-vous été recruté par l’équipe Cofidis ?

Tout simplement, sur ma dernière année amateur, ça c’est quasiment joué que sur cette année, car c’est là que les plus gros résultats sont apparus. Il faut faire des résultats sur des courses importantes. Je pense qu’il y a des courses plus importantes que d’autres. Au plus haut niveau amateur, on a accès aux Classe 2, qui je le rappelle sont au premier niveau professionnel donc on court avec des pros en étant amateurs plus hauts niveaux. Donc, sur ces courses-là, il y a forcément des managers ou des directeurs sportifs d’équipe qui sont là pour leurs coureurs et généralement quand on réussit bien sur ses courses, on se fait voir les contacts suivent si les profils intéressent.

Thomas champion en pleine course

Je sais que Cofidis, l’année où j’y étais, recherchait pas mal de grimpeurs, de jeunes grimpeurs. Donc moi, je suis tombé là, je ne marchais pas trop mal en montagne. Chaque équipe à des projets différents. Certaines ont besoin d’éléments sur les plats, en montagne, sur les pavés par exemple et donc moi, je suis tombé au bon moment, au bon endroit, car Cofidis recherchait un jeune grimpeur. Je me suis donc intégré à leur projet en montagne.

Un bilan de vos 2 années chez Cofidis ? 

J’ai mis un petit peu de temps pour prendre le rythme professionnel. Les 6 premiers mois de l’année dernière ont été assez compliqués.

Il fallait prendre un rythme, comprendre comment fonctionnent les courses professionnelles. C’est un autre fonctionnement que chez les amateurs. Il fallait prendre un peu de force et apprendre le métier tout simplement. J’ai eu 6 mois assez galères, mais on a signé pour ça, c’est un sport difficile et le professionnalisme l’ai encore plus. Il fallait donc encaisser la charge.

Thomas Champion sur le podium

J’ai eu une belle fin d’année dernière qui m’a redonné confiance. J’ai fait tous les classiques italiens, du Lombardie, jusqu’à la dernière course en Italie. Je marchais plutôt bien donc je me suis dit que finalement la saison était à demi-teinte, mais pas si pourrie. Cette année, j’ai réussi à repartir sur les mêmes bases que l’année dernière, toujours dans un rôle d’équipier. C’est le rôle attribué aux jeunes directement donc j’ai fait beaucoup de km à l’avant du peloton, à rouler pour mes leaders, à chercher des bidons, etc. Tout le travail de l’ombre, ça a été plutôt reconnu dans l’équipe donc je suis plutôt satisfait de mon début de saison. 

Quel est votre plus grand rêve en tant que cycliste ? 

Sur quelle course pourrons-nous vous voir prochainement ? 

Programmée et sûr et certaine, c’est le Tour de Pologne, dans à peine 2 semaines.

Le Tour de Pologne 2022 à lieu cette année du 30/07 au 05/08 sur 7 étapes.

Pouvez-vous nous parler de vos vélos ?

Alors, nous chez Cofidis, on roule sur des De Rosa. Le modèle Merak, un modèle “passe-partout”, entre l’aéro et de montagne. On a des roues CORIMA. On a aussi un vélo de chrono de la même marque. Et moi en perso, j’ai un VTT à la maison pour m’entraîner et me faire plaisir. On a 4 ou 5 vélos de route, quelque chose comme ça, 1 ou 2 vélos de chrono, ça dépend des spécificités des gars. Si on est spécialiste du chrono, on peut en avoir 2 ou 3 même donc voilà ça fait un bon petit total de vélos.

Thomas Champion sur son vélo de rosa

Combien de temps passez-vous à vous entraîner ? 

C’est variable. On a les programmes de courses et le but, c’est d’être performant en course.

Il va y avoir des semaines de gros travail, jusqu’à 30 heures

Voire un tout petit peu plus, entre 25 et 30 pour les grosses semaines. Et ensuite, des semaines plus lights à 14-15 heures, si on sort d’une course par étapes, par exemple, et qu’on a besoin de récupérer. 

Suivez-vous un régime alimentaire particulier ? 

Alors on a la possibilité d’être suivi par un nutritionniste. L’équipe met à disposition des nutritionnistes. On a 2 personnes chargées de la nutrition. À titre personnel, je n’ai pas fait la démarche de les contacter. Tout simplement parce que je pense que c’est quelque chose que je peux maîtriser. On a tous des bases, j’arrive, je pense à me gérer. Je n’ai pas de souci de poids donc je n’ai pas de régime strict. Par contre, on connaît énormément de règles, des choses à manger et à ne pas manger. Des équilibres en fonction de l’entraînement qu’on va faire. Ce n’est pas millimétré au gramme près, chez moi, du moins. On a des bonnes bases qui font qu’on ne fait pas n’importe quoi sur la nutrition. 

Avez-vous un cycliste préféré ? 

Comme je disais, je ne suis pas né dans ce monde-là, dans ce monde professionnel, etc. Je n’étais pas sur les routes étant jeune, je ne regardais pas la TV ni rien. Après, en grandissant, j’aimais beaucoup Christopher Froome, je le respecte encore aujourd’hui. C’est vraiment quelqu’un d’incroyable. Refaire une troisième place sur l’Alpe D’huez, c’est incroyable. On peut dire ce que l’on veut de lui, il a été détesté, adoré, tout ce qu’on veut mais, c’est quelqu’un de persévérant dans ce qu’il fait, il ne lâche jamais rien. Il revient aujourd’hui, après une blessure que 99.99% des gens auraient arrêtés après ça.

Quel est votre itinéraire préféré à vélo ?

Que pensez-vous du Tour de France 2022 ?

Je trouve que c’est vraiment un beau Tour.

Ça faisait longtemps que ce n’était pas aussi débridé. Ils ont commencé par une semaine de folie qu’on attendait avec impatience et on s’aperçoit que ça va être les 3 semaines comme ça. C’est moins contrôlé que certaines années. Il y a beaucoup d’enjeux dans une telle course, des enjeux financiers pour les équipes, pour les partenaires. Mais cette année, c’est plutôt fougueux, c’est un beau spectacle à voir, je pense et le public doit se régaler.

Je ne vais pas me rendre sur le Tour de France, car je suis en stage avec l’équipe et je le suis jusqu’à ma prochaine course et les courses s’enchaînent jusqu’à la fin de l’année. On le voit aussi bien à la TV qu’en vrai.

Avez-vous une équipe que vous aimez particulièrement (sans compter Cofidis évidemment…) ?

C’est compliqué de dire qu’on préfère une autre équipe que la sienne (rire). Il ne va pas falloir se mettre du monde à dos. Il y a quelques équipes qui donnent envie, c’est sûr. Une équipe comme INEOS, c’est très pro, ce sont des super coureurs, une belle équipe. Je n’ai pas de coureur particulier.  

C’est une course à faire dans une carrière, je pense. C’est a priori, la plus belle, même s’il y a énormément d’enjeux, beaucoup de stress. C’est une course vraiment particulière pour les coureurs, mais oui, c’est à faire. Ça sera dans quelques années si je passe un bon cap et si j’ai le niveau d’y performer. 

Thomas champion en tete de course

Quel est votre plus beau souvenir du Tour de France ?

C’est un peu une coïncidence, mais clairement l’étape d’hier, c’était vraiment une étape attendue (Alpe d’Huez, le 14/07/2022). Même les cols d’avant, comme le Galibier. J’ai fait le Dauphiné, il y a moins d’1 mois et on faisait l’étape pratiquement similaire. On montait le Galibier, la Croix de Fer et au lieu d’aller à l’Alpe d’Huez, on allait à gauche, on montait à Vaujany. Je l’ai ressenti dans les jambes, j’ai vu ce que ça faisait, même si on n’avait pas l’Alpe d’Huez en finale. Ce qui doit vraiment marquer, c’est le public et les milliers de gens qui sont là pour acclamer, ça doit être génial à vivre.

Que pensez-vous du cyclisme féminin ?

Je trouve que c’est vraiment une belle chose ce qui se passe en ce moment pour elles, c’est génial. Elles n’étaient pas récompensées à leur juste valeur, tout simplement. Ça fait 2 ans, qu’un salaire minimum est imposé, c’est déjà un grand pas. Avoir un salaire minimum, ce n’est encore pas le même que pour les hommes, mais ça veut dire que les filles peuvent en vivre, c’est possible d’être cycliste professionnellle et être rémunérée.

Il y a quand même beaucoup de sports, masculin et féminin dont les athlètes n’arrivent pas à en vivre. Le secteur du vélo a de la chance que ça soit très populaire, avec cet engouement et l’argent qui le permet dans ce milieu. Il y a de plus en plus de courses, de diffusions. Ça a mis du temps à se mettre en place chez les hommes et ça le sera pour les femmes aussi. Mais déjà quand on sait que le Tour de France sera diffusé au même titre que le Tour de France Homme, ça va forcément créer de l’engouement, attirer des partenaires, de la foule.

Donc je pense que le cyclisme féminin est bien parti pour durer. Il y a de plus en plus d’équipes, comme Cofidis qui dispose d’une équipe féminine, qui s’est lancée cette année, un peu tardivement, mais ça c’est fait. Je crois qu’elles sont 10 ou 11 donc à être payé. Il y aura une équipe de 7 ou 8 filles sur le Tour donc c’est super pour elles !

Un grand merci à Thomas pour cette interview enrichissante. Tuvalum vous souhaite une belle et grande carrière !

Retrouvez également notre Interview d’Audrey Cordon-Ragot.

Written by
Tuvalum
Join the discussion

1 comment
  • Bravo Thomas, c’est super de voir que la forme est là. Taïno peut être fier de son coloc !!
    foss pour toi pour la VUELTA !!!!!