Marc Fournier, un ex cycliste de l’équipe FDJ

Marc Fournier, un ex cycliste de l’équipe FDJ

Marc Fournier, ex cycliste pro

Marc Fournier est un ancien cycliste professionnel qui a fait partie des équipes FDJ et Vital Concept entre 2016 et 2019. Sa carrière a dû être écourtée pour des raisons de santé. Nous l’avons interviewé pour comprendre son passé et ses nouveaux projets.

Retour rapide sur son palmarès sur piste :

  • Champion d’Europe sur piste, à Athènes en 2015 (espoirs)
  • Champion de France de poursuite par équipes juniors en 2011
  • Champion de France de la course aux points espoirs en 2013
  • Champion de France de la course aux points en 2014
  • Champion de France de l’Américaine en 2014 (avec Benoît Daeninck)
  • Champion de France de poursuite par équipes en 2018

Sur route (professionnel) :

  • Circuit de la Sarthe : classement général, 1re étape, en 2016
  • 3e du Duo normand (avec Johan Le Bon) en 2016

Pour découvrir l’interview en vidéo, cliquez ici :

Comment et pourquoi avez-vous commencé le cyclisme ?

J’ai commencé le cyclisme à 13 ans. Je viens d’une famille qui est à fond cyclisme. C’est mon grand-père qui a instauré le cyclisme dans ma famille, on va dire ça comme ça et donc après j’ai eu mon frère, mes oncles, même ma sœur sont montés sur un vélo donc un peu toute la famille en compétition. Je ne voulais pas en faire à la base. Ma famille ne m’a jamais forcé à faire du vélo et finalement, je m’y suis mis naturellement à l’âge de 13 ans. Ma famille m’a suivi et fait en sorte que tout se passe bien et c’est parti comme ça.

Qu’est-ce que vous aimez le plus dans ce sport ?

Quand on est dans les catégories jeunes, c’est plus un sport individuel et plus on monte dans les niveaux plus c’est un sport d’équipe. 

Je voulais faire un sport individuel, avec du dépassement de soi et où les résultats viennent de toi et de personne d’autre.

C’est ça aussi qui m’a décidé et après le monde du cyclisme, le monde des courses, c’est une ambiance sympathique que nous ne retrouvons pas forcément ailleurs. Quand on monte sur un vélo, quand on est gamin, on a qu’une envie, c’est de passer la ligne en tête et tout seul avec son vélo donc c’est ça qui est intéressant.

Quand on est jeune, c’est plus du plaisir, on a le goût de la victoire aussi, mais ça reste du plaisir. C’est comme ça que l’on apprend à aimer le vélo aussi.

Marc fournier sur une épreuve sur piste

Vous avez été cycliste pro entre 2016 et 2019, c’était quoi votre toute première victoire ? Vous vous en souvenez ?

Chez les pros, je m’en souviens très bien, c’était au Circuit de la Sarthe, avec la FDJ, c’était ma première année chez les professionnels. Je m’étais cassé le poignet durant ma préparation hivernale et c’était m’a 5 ou 6e journée de course quand j’ai gagné ma première course. Je viens d’Alençon à la base, mes parents avaient une crêperie dans la Sarthe à ce moment, c’était un peu ma région entre guillemets. Donc j’ai gagné là-bas la première étape du circuit de la Sarthe et j’ai enchaîné par le classement général. C’est un très beau souvenir et ça restera gravé longtemps.

Quelle victoire vous a le plus marqué ?

Celle-ci, je pense. Surtout que je suis partie dès le km 0, on est parti à deux et j’ai été tout seul jusqu’au bout. J’ai fait 185 km d’échappée donc c’est vraiment une victoire qui restera marquée. Après sinon, mon titre de Champion d’Europe sur Piste, c’est un titre qui reste toujours gravé. En plus, c’était un 14 juillet, j’ai fait retentir la Marseillaise un 14 juillet à Athène donc c’est un petit clin d’œil en plus.

Qu’est-ce que ça fait de passer de la piste à la route ? Quel a été l’impact le plus important pour vous lorsque vous avez fait ce changement ?

En fait, j’ai jamais changé, j’ai toujours fait les 2 en même temps. Mes premiers vrais résultats au niveau national et international sont arrivés sur piste. Je pense que la piste m’a fait énormément de bien pour après évoluer à haut niveau sur la route. Le coup de pédale et les intensités qu’on fait sur la piste, nous ne le retrouvons nulle part ailleurs et je pense que c’est très complémentaire avec la route. Donc j’ai pris de la confiance aussi, j’ai acquis mes premiers résultats nationaux et internationaux sur piste, j’ai intégré l’équipe de France sur piste et donc ça m’a permis de prendre confiance en moi, de progresser comme il faut pour après atteindre un très bon niveau sur route.

Marc fournier sur une épreuve sur route

Piste ou route ?

Ce sont deux trucs différents, après à choisir, c’est compliqué. J’ai beaucoup de plaisir à faire une course du route comme un Paris-Roubaix ou ce genre de courses un peu atypiques. Après la piste pareille, j’adore ça, c’est dans mon sang.

Quelles ont été vos forces et vos faiblesses durant votre carrière professionnelle ?

Mon gros atout, c’est que j’étais un attaquant, je n’avais pas peur de prendre des risques pour aller chercher une victoire.

Qui ne tente rien n’a rien. Et moi, j’avais vraiment ce goût-là, de tenter, de prendre des risques. Après, peut-être que je “ne faisais pas assez le métier” comme on dit dans le jargon. Pas assez rigoureux surtout et donc c’était peut-être mon petit point faible. Je suis un bon vivant, j’aime bien la bonne bouffe, le bon vin et donc peut-être qu’à des moments, je ne faisais pas le métier comme il fallait. Je ne regrette pas.

Quelles étaient vos habitudes d’entraînement lorsque vous étiez en compétition ?

En compétition pas forcément, après on avait souvent des protocoles venant de l’entraîneur et qui était instauré pour l’équipe pour se mettre en route. La veille, on faisait une petite sortie. Moi, j’aimais bien me “débloquer la patte” comme on dit donc je faisais quelques intensités, des petits sprints où je montais des bosses un peu rapidement les veilles de courses. Sinon je n’avais pas de routine particulière, je respectais ce qu’il fallait faire. Je n’ai pas de supposition.

Marc fournier

À peu près 25-30 heures sur le vélo. Après moi, je faisais beaucoup de préparation physique avec un préparateur physique. J’allais 3 fois par semaine faire des séances de 2 heures de préparation physique dans un centre à côté de chez moi à Caen. Donc ça rajoute des heures d’entraînements aussi. 

Pourriez-vous nous faire un bilan de ces quelques années dans le monde professionnel ?

Les plus c’est évidemment de faire partie d’un peloton professionnel, ça, c’est déjà quelque chose d’exceptionnelle. Quand on est gamin et qu’on commence le vélo, on ne rêve que de ça. Donc moi, j’ai déjà apprécié mon expérience chez les pros. Malheureusement, j’ai dû arrêter ma carrière, pas à cause de mon niveau physique, mais j’ai eu un problème à une jambe, d’ailleurs, je ne sais toujours pas ce que j’ai, j’ai toujours ce problème. Le gros regret, c’est ça, c’est de ne pas avoir pu continuer ma carrière comme il se doit. J’ai énormément de copains et de connaissances avec qui je courrais chez les jeunes et évolué avec eux dans l’équipe de France qui sont tous pros et qui ont de très bons résultats chez les pros donc je me dis pourquoi pas moi. Ce n’est pas un regret, c’est plus une déception.

Faire Paris-Roubaix ça m’aurait bien plus. 

Je l’ai fait chez les espoirs, mais chez les pros, c’était la course que je voulais faire et sur laquelle je voulais participer et performer.

C’est une blessure qui a mis fin à votre carrière si je ne me trompe pas ? Pourriez-vous nous en dire plus ?

Exactement. Ce n’est même pas une blessure, comme une déchirure ou autre. C’est un problème dont je ne connais pas la cause. Il n’y a même pas de diagnostic fait sur ce problème-là. Je suis encore dans l’inconnu donc c’est plutôt embêtant.

C’était une décision personnelle oui, parce que je voyais très bien que même si je m’entraînais comme un fou, je n’avais aucun résultat et je ne prenais plus de plaisir parce que j’avais toujours des douleurs, etc. Et puis de toute façon, avec le niveau que j’avais en compétition, je n’aurais pas trouvé de contrat donc ça c’est finalement naturellement, on va dire.

Vous continuez aujourd’hui à faire du cyclisme ?

On est en 2022, donc ça fait 3 ans que je ne suis pas montée sur un vélo. Mais là, ça fait quelques semaines que je ne pense qu’à ça. Professionnellement parlant je n’ai pas le temps actuellement, mais je pense que ça ne va pas tarder.

Vous vous consacrez à quoi dans la vie aujourd’hui ?

J’ai fait plein de petits boulots, vu que j’étais à fond dans le vélo quand j’étais jeune, je n’ai pas forcément un niveau d’étude énorme donc j’ai fait plein de petits boulots en attendant de trouver quelque chose qui me plaît. Et là, actuellement, je suis conseiller commercial dans l’automobile, chez Peugeot, dans une concession parisienne, à côté du vélodrome.

Ça me plaît énormément, ça fait pas longtemps que j’y suis, ça fait 5 mois, mais j’aime beaucoup ce métier. Ça me convient bien, je suis content d’être là-dedans.

Est-ce que vous avez une idole, un cycliste qui vous a inspiré ?

Je n’ai pas vraiment eu d’idole, je ne suis pas fan de quelqu’un ou quoi que ce soit mais j’admire quand même Bradley Wiggins et Tom Boonen. Ce sont deux coureurs que j’aime bien.

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes cyclistes souhaitant devenir professionnel ?

Il faut être très assidu à l’entraînement, c’est ce qui a de plus important. Et la nourriture aussi. Il faut voir que tous ceux qui marchent sont secs et avec de la force. Donc je dirais l’entraînement et la nourriture aussi pour être le plus affûté possible. Choisir les bons aliments pour remplir le « moteur ». Il faut être assidu à ce niveau-là et surtout ne rien lâcher, toujours croire en soi. C’est un peu comme dans la vie de tous les jours, quand on a un objectif en tête, il faut faire ce qu’il faut et croire en soi.

Comment avez-vous été recruté par les équipes professionnelles FDJ et Vital Concept ? Comment ça se passe ?

Grâce à mes résultats chez les amateurs, quand j’étais junior, j’ai été approché par le Cyclo-club de Nogent-sur-Oise, une équipe de N1, une des meilleures équipes de France amateur. J’ai décidé de signer là-bas et après, j’ai continué mon cursus et en espoir 3, j’ai eu de très bons résultats sur route et sur piste. La FDJ s’est approchée de moi, on a discuté ensemble et c’est comme ça que j’ai été recruté. Alors bien sûr, j’avais un agent donc j’avais plusieurs pistes : la FDJQuick-StepKatusha-Alpecin à l’époque. J’ai décidé de rester dans une équipe française, car je suis français et c’est quand même une très grosse équipe, encore plus maintenant. Donc j’ai décidé de signer chez eux et à la fin de mes 2 ans de contrat, j’ai voulu voir autre chose, car je ne trouvais pas forcément ma place dans l’équipe. J’ai discuté avec mon agent et l’équipe de Jérôme Pineau, Vital Concept-B&B Hotels se montaient et avaient besoin de coureurs et on a demandé s’il y avait une place et ça a matché tout de suite et j’ai signé 2 ans là-bas aussi.

Podium marc fournier

Qu’avez-vous pensé du TDF 2022 ?

Je n’en ai pas loupé une miette du Tour de France, même le Tour féminin, j’ai tout regardé, tout comme les Championnats d’Europe actuellement. Je suis quand même resté attentif à ce qu’il se passe.

L’épreuve des pavés m’a beaucoup plus, je suis toujours classique. Les pavés changent tout dans une course de vélo. Il n’y a pas d’autres étapes où tout peut basculer en 10 mètres. C’est ce qui s’est passé d’ailleurs, Simon Clarke jamais on aurait pensé qu’il aurait gagné cette étape et pourtant, il a gagné.

Que pensez-vous du cyclisme féminin ?

Je trouve ça très bien que ça se développe dans l’ensemble, pour le cyclisme féminin et le cyclisme tout court. Après, je pense qu’elles sont en progression totale, elles n’ont pas encore les mêmes moyens que les hommes, donc ce n’est pas encore du très grand niveau comme les hommes. Je ne dénigre pas du tout, c’est déjà très bien ce qu’elles font. C’est sur la bonne voie et c’est très très bien le Tour féminin devient une vraie course, télévisée avec du public qui supporte les femmes et ça va faire venir des sponsors. Donc c’est très bien pour le cyclisme en général.

Merci à Marc pour son temps et sa gentillesse.

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Written by
Tuvalum
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